Le numéro d'avril 2012 de la revue Le Spectacle du Monde est en kiosque.
Le mensuel fête son cinquantième anniversaire et on découvrira donc dans le dossier un florilège d'articles marquants publiés au fil des ans. On retrouvera, notamment, les signatures de Raymond Bourgine, fondateur de la revue, d'Alexandre Vialatte, de Pierre Gaxotte ou de Paul Sérant.
Hors dossier, outre les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour, qu'on retrouvera, par ailleurs, dans un grand entretien ("La France traite sa souveraineté comme un vieux meuble poussiéreux"), on pourra aussi lire des articles de Pierre-Alexandre Bouclay ("Russie, le nouveau chantier de Vladimir Poutine"), de Michel Marmin ("Pierre Schoendorffer, l'honneur comme tragédie"), d'Arnaud Guyot-Jeannin ("Charles Maurras, l'ordre et l'harmonie") ou de Christopher Gérard ("Félicien Marceau, Français par l'encre versée").
christopher gérard - Page 6
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Le demi-siècle du Spectacle du Monde...
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Dutourd, l'anarcho-monarcho-gaulliste !...
Le septième numéro de la revue Livr'arbitres est diponible et comporte un dossier consacré à Jean Dutourd. On pourra y lire, notamment, des articles de Patrick Gofman, Tierry Marignac, Xavier Eman, Christopher Gérard, Jacques Aboucaya, Michel Mourlet, Alain Paucard, Fabrice Moracchini et François Taillandier.
La revue peut être commandée sur son site : Livr'arbitre, la revue du pays réel
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Deuxième transfiguration...
Nous vous avions signalé, l'année dernière, la publication de Transfiguration, de Szczepan Twardoch, aux éditions Terra Mare. Nous ne pouvons, à nouveau, que vous recommander la lecture de ce roman d'espionnage vertigineux, dont le héros entend se situer par delà le bien et le mal...
Etonnant roman que ce mixte d'intrigue policière (le meurtre d'un prélat polonais après le coup d'état du général Jaruzelski) et d'analyse quasi anthropologique des services de sécurité communiste dans leur phase terminale. L'auteur suit pas à pas la carrière brisée net d'un esbek, officier du SB, la police politique polonaise et particulièrement du département IV, chargé d'infiltrer l'Eglise catholique. En fait cet esbek appartient aussi à une structure clandestine, interne au SB, composée de cadres qui, ayant compris qu'ils avaient perdu la guerre froide, préparent un habile processus de reconversion. C'est l'occasion pour Twardoch de nous livrer un tableau d'une cruelle précision, de la Pologne des années 80, comme des techniques utilisées par le SB pour retourner des ecclésiastiques (sélectionner des mous plutôt que de s'attaquer aux durs). l'auteur imagine que, dès les années 50, de jeunes agents dormants - les spahis - auraient été mis en place au sein de l' Eglise polonaise, discrètement poussés dans la hiérarchie jusqu'au moment de leur activation, au plus haut niveau. On songe à un Vladimir Volkoff (dans une version évidemment russophobe) mâtiné de Julius Evola. Un auteur singulier à suivre.
Christopher Gérard (La Nouvelle Revue d'Histoire n°51, novembre-décembre 2010)
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Vers une insurrection des différences ?...
Nous reproduisons ci-dessous un texte de Christopher Gérard consacré à l'essai d'Hervé Juvin, Le renversement du monde, et au roman de Jean Raspail, Le Camp des Saints. Christopher Gérard, ancien directeur de la revue d'études polythéiste Antaios, est l'auteur de plusieurs essais, ainsi que de romans : Le songe d'Empédocle (L'Age d'Homme, 2003), Maugis (L'Age d'Homme, 2005) et La porte Louise (L'Age d'Homme, 2010).
Vers une insurrection des différences ?
"N’est homme de culture que celui qui fait passer la vie de son ennemi après sa foi ou les siens. " Hervé Juvin
Deux livres bien différents, un essai d’une rare densité et un roman prophétique, illustrent avec courage et pertinence le basculement du monde auquel les Européens assistent les bras croisés, comme sidérés par un étrange sentiment de dépossession.
Aux yeux de l’économiste Hervé Juvin la récente crise financière se révèle avant tout morale et politique, puisqu’elle sanctionne des nations anesthésiées par la théologie de la croissance infinie, privées de réelle souveraineté et dociles aux diktats de Wall Street : c’est ce qu’ il appelle le renversement du monde. Dans Le Camp des Saints, roman prophétique publié pour la première fois en 1973, Jean Raspail décrit la liquéfaction d’un peuple soumis à une rapide colonisation de peuplement et qui se résigne à un changement de population aux allures de cataclysme.
Tous deux, l’intellectuel et l’artiste, trouvent les mots justes pour poser un diagnostic clair sur l’aveuglement d’Européens fatigués de faire l’histoire et qui croient qu’il suffira de payer pour jouir encore d’une paix que nul ne compte plus acheter.
L’artiste - et de quelle ampleur ! – propose un conte : un matin, une flottille de navires chargés d’un million de miséreux venus du Gange accoste dans le Midi de la France. Faible et pitoyable, cette avant-garde d’autres flottes déjà en route espère avoir atteint la Terre promise. Que feront les Français, que le monde entier observe et juge ? En vingt-quatre heures, le sort de l’Occident est joué. Une sorte de tragédie classique aux personnages hauts en couleurs, comme toujours chez ce sorcier de Jean Raspail. Avec quel brio, avec quelle douloureuse jubilation, l’écrivain analyse à la loupe le lâche abandon d’une civilisation qui accepte d’être submergée. Livre visionnaire, et qui scandalisa les belles âmes dès 1973, Le Camp des Saints serait impubliable aujourd’hui à cause des lois qui cadenassent la liberté d’expression, d’autant que, dans une préface intitulée Big Other, Raspail met le doigt là où cela fait mal : d’ici une trentaine d’années, si les flux migratoires ne cessent de s’amplifier, une bonne moitié de la population active des villes d’Europe devrait être extra-européenne. Jour après jour, ce basculement démographique, cette mutation anthropologique deviennent une probabilité, un héritage que nous laisserons à nos descendants. D’ici 2050, les Européens de souche, aujourd’hui majoritaires, pourraient se retrouver en minorité sur leur propre sol. Ce que Hervé Juvin exprime quant à lui de la sorte, sans fards : « ceux qui y sont ne sont pas ceux qui y seront ». Cette réalité se trouve niée au nom d’une utopie mixomane faisant du métissage rédempteur – l’ouverture à l’Autre - le dogme central d’un humanisme transgénique. Car, comme le précise Raspail dans préface, Big Other veille : « le Fils unique de la Pensée dominante, comme le Christ est le Fils de Dieu et procède du Saint-Esprit. Il s’insinue dans les consciences. Il circonvient les âmes charitables. Il sème le doute chez les plus lucides. Rien ne lui échappe. (…) Sa parole est souveraine. Et le bon peuple suit, hypnotisé, anesthésié, gavé comme une oie de certitudes angéliques… » Au nom d’une escroquerie historico-sémantique, voilà donc l’Europe et ses racines niées avec un acharnement pathologique, comme si le sacro-saint métissage avait pris la place dans notre imaginaire déliquescent de l’ancien complexe de supériorité …
Quoique différent, le propos d’ H. Juvin rejoint l’apocalypse de Jean. Pour cet économiste à la solide culture historique et philosophique, le krach de 2008 constitue la première phase d’une révolution et la fin d’un conte de fées, celui d’une unification planétaire sous l’égide de l’individualisme marchand. Aux sources du désastre, la croyance que l’économie constitue le destin et l’oubli de l’antique règle d’airain des civilisations classiques, énoncée il y a vingt-cinq siècles par Héraclite : « Le conflit est le père de toutes choses ». La négation ou le refoulement par des intelligences atrophiées des antagonismes fondateurs désarme et asservit les peuples ahuris par un catéchisme mondialiste seriné sur tous les tons par des myriades d’experts, de technocrates, et de politiciens naïfs ou stipendiés. Ses dogmes ? Le marché comme horizon indépassable (« il Mercato ha sempre raggione »), la croissance infinie comme seul avenir concevable, la singularité comme obstacle au doux commerce et, partant, la nécessaire déconstruction des mœurs et des héritages comme panacée. Bref, l’économisme contre la civilisation. Ou le formatage des âmes, des corps et des esprits par un crédit comparable au Dieu de Pascal, dont le centre est partout, et la circonférence nulle part, comme tactique de contrôle des masses, plus efficace que les mises au pas totalitaires. La liquidation (Juvin parle aussi de gazéification) des sociétés humaines « par l’utopie des droits de l’homme, par l’effacement des frontières et la négation des identités ». Juvin fait d’ailleurs remarquer que seule l’Europe, par un masochisme qui lui est propre, refuse d’accorder son système économique à ses valeurs ancestrales, au contraire de l’Inde ou de la Chine, atelier et banque du monde (OPA en cours) qui ne tourne pas le dos à son héritage confucéen. Même la Russie de Poutine, sinistrée par des fous sanguinaires puis par des pirates sans scrupules, suit désormais ses propres pas, et redécouvre sans complexe son héritage orthodoxe et eurasien. Seule l’Europe accepte de se laisser occuper, espionner, rançonner, et déposséder de son héritage au nom d’une prétendue gouvernance, terme ambigu qui tend à usurper la place de démocratie, sans doute suspect d’ethnocentrisme en raison de ses origines helléniques. Seule l’Europe admet de voir systématiquement critiquées par les idéologues du sans-frontiérisme (Big Other) sa souveraineté, sa légitimité et son unité millénaire. Seule l’Europe se complaît dans cet état d’apesanteur né d’une fuite du réel, d’une amnésie programmée notamment par des escouades de pédocrates gagnés aux dogmes égalitaires autant que travaillés par un ahurissant complexe de haine de soi, opportunément grimée en amour de l’Autre, version postmoderne du Veau d’Or, devant lequel se prosternent nos élites. Ni les Américains du Nord, ni les Chinois, ni les Mahométans n’entendent nier leur identité avec pareil zèle. Face au retour d’empires autocentrés, qui savent déjà que la frontière et la discrimination constituent des conditions de survie, les Européens continuent de nier la prépondérance de cette triade fondamentale: le sang, le sol et l’esprit. Négation de l’histoire au profit d’abstraites constructions juridiques, négation de la géographie par un étouffant conformisme qui interdit de désigner les menaces, et enfin négation des racines spirituelles au nom d’un nihilisme satisfait. Big Other veille. Décérébré, extrait de force de toutes ses déterminations, le citoyen cède la place à l’homme de marché, zombie inculte, ignorant et amnésique; désarmé et captif d’une bulle empoisonnée, le voilà asservi : telle est la mutation anthropologique du néo-libéralisme, qui dissout les liens religieux, ethniques et familiaux au profit d’un dogme unique, celui de l’intérêt individuel (et immédiat) comme seule priorité acceptable par la doxa dominante, celle des usuriers et des marchands d’illusions irénistes (« l’abondance, c’est la paix »). Avec lucidité, Juvin commente cette métamorphose : « le nouveau projet libéral mondialiste conduit au dépassement des structures collectives au nom des droits de l’homme, devenus les droits de l’individu absolu, c’est-à-dire la capacité illimitée de l’individu à se désengager, à se délier, à se défaire de la relation avec les autres, avec la nature et avec lui-même. » Ou, presque lyrique : « Non, les hommes ne sont pas les mêmes, et nous n’en avons pas fini avec la terre qui est sous nos pieds, avec la couleur de la peau et la langue de nos rêves*. (…) Non, nous n’en avons pas fini avec la puissance, le pouvoir et l’ennemi ».
Alors que, dans Le Camp des Saints, Raspail décrit avec brio la résistance d’une phalange de résistants qui meurent avec panache (le syndrome « casoar et gants blancs »), Juvin propose des pistes pour sortir de la crise et préparer l’insurrection des différences ou le retour du divers. Tout d’abord un travail pédagogique de réveil à l’histoire, de retour au réel (sang, sol et esprit tous trois équilibrés pour éviter le péril totalitaire, qui réduit souvent la triade à un couple bancal), de rétablissement des limites, des portes et des distinctions (à commencer par celle, vitale, entre l’ami et l’ennemi). Bref, un retour au politique ; une exaltation de la diversité réelle et non fantasmée : « si le monde est fini, compté, et petit, la politique redevient l’effet de la puissance, et le fondement de la société politique est la survie de ses membres, à côté, ou bien contre, celle des autres. »
Juvin plaide aussi pour une décolonisation de l’Europe sous peine de voir un jour s’éteindre un type d’homme, en rappelant que l’immigration incontrôlée qui modifie le visage de nos villes n’a jamais fait l’objet d’un choix démocratique, puisque décidée d’en haut au nom d’un économisme à courte vue qui peut se traduire en langue cynique par « il faut des esclaves pour que la plantation prospère ».
Il en appelle au retour des frontières comme limites bien plus que comme barrières (l’autarcie absolue étant un fantasme), à la proximité culturelle et économique comme critère de choix politique, à rebours des modes et des utopies vénéneuses.
Esprits libres, Raspail et Juvin nous exhortent à décoloniser notre imaginaire et à nous réapproprier notre légitime volonté d’être et de durer.
Christopher Gérard
Publié dans La Libre Belgique le 15 mars 2011
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Rêves et révolutions...
La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n°51, novembre-décembre 2010). Le dossier central est consacré aux rêves et aux révolutions des tumultueuses années 30. On pourra y lire notamment des aticles de Dominique Venner ("Une France troublée dans une Europe en feu", "La mystérieuse révolution du fascisme"), de François-Georges Dreyfus ("Les démocraties en crise"), de Philippe d'Hugues ("Littérature et engagement politique") ou de Charles Vaugeois ("Doriot et le PPF"). Hors dossier, on trouvera en particulier la chronique de Péroncel-Hugoz, un article de Christopher Gérard consacré à Alain Daniélou et un article de Philippe Conrad ("Les crises surmontées de 1904 à 1914") ainsi que deux entretiens, l'un avec Bernard Lugan sur l'Afrique et l'autre avec l'historien Yann Le Bohec sur le miracle romain.
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La légende de Sigurd et La porte Louise en librairie
Nous avions annoncé leur sortie... Les voici en librairie !
La légende de Sigurd et Gudrun, de J.R.R. Tolkien, chez Christian Bourgois :
La Légende de Sigurd et Gudrún, nous donne, pour la première fois, directement accès à l'imaginaire nordique de JRR Tolkien. Deux grands poèmes (le Nouveau Lai des Völsung et le Nouveau Lai de Gudrún) écrits au début des années 1930, racontent dans le style caractéristique de l'auteur du Seigneur des Anneaux les légendes nordiques de l'Ancienne Edda, les combats de Sigurd, la mort du dragon Fáfnir, l'histoire tragique de Gudrún et de ses frères, tués par la malédiction de l'or d'Andvari.
Illustrés par des vignettes en noir et blanc, ces magnifiques poèmes (qu'introduit une présentation des légendes du Nord par l'écrivain lui-même) montrent ce qu'a retenu Tolkien de la mythologie scandinave pour le reprendre à son tour, dans Le Seigneur des Anneaux et dans Les Enfants de Húrin.Porte Louise, de Christopher Gérard, aux éditions L'âge d'homme : un roman, qui comme nous l'a indiqué l'auteur n'est pas la suite du Songe d'Empédocle et de Maugis, publiés chez le même éditeur, "bien que certains clins d'oeil ne soient pas exclus".Après trente-huit ans d'absence, Louise revient dans sa ville natale, Bruxelles, pour mener une enquête sur la disparition de son père, Charlie, séduisant Irlandais mystérieusement assassiné alors qu'elle n'était qu'une enfant.
Au cours de ses recherches dans la capitale, Louise découvre les multiples facettes d'une ville qu'elle croyait connaître et nous entraîne à sa suite d'endroits disparus en lieux bien réels où l'on se régale.
En quête d'une vérité qui se dérobe sans cesse, Louise rencontre des interlocuteurs aussi variés qu'attachants: un commissaire de police, tombé amoureux d'elle à douze ans; Ingrid, la secrétaire et confidente de Charlie, qui s'est éprise de lui à Berlin en 1943; une avocate branchée à la vie compliquée; un espion français, libertin et amateur d'art; Lord Pakenham, l'ancien chef de l'Intelligence Service, qui a bien connu Charlie à Lisbonne pendant la guerre. A une Louise de plus en plus désemparée, chacun dévoile à sa manière un aspect de la vie complexe de Charlie et propose, non sans arrière-pensées, son hypothèse sur la mort d'un homme insaisissable.
Les continuels allers et retours entre Bruxelles et Dublin des années soixante à aujourd'hui, le balancement permanent entre humour, nostalgie, suspense et gourmandise constituent une mosaïque pleine de fantaisie.
Porte Louise est une sorte de polar, de roman d’espionnage. Plus encore, c’est le roman du souvenir et de la réminiscence, l’histoire d’une femme émouvante, lancée dans une quête progressant par cercles concentriques jusqu’au coup de théâtre final.